Parmi la jeune garde des photographes nippons de
notoriété internationale, certains composent un journal intime public, d’autres projettent leurs œuvres (et l'observateur) dans
des réalités parallèles.
Mari Katayama, perfection anormale
Née en 1987, Mari Katayama est une artiste
multidisciplinaire. Souffrant d’hémimélie tibiale, elle fait le
choix à l’âge de neuf ans d’être amputée de ses jambes.
Initiée à la couture par sa grand-mère, elle crée pour ses
appendices défectueux des cocons fantasmagoriques.
Intriguée par les notions de norme et de perfection, Katayama
transcende son handicap dans des autoportraits révélateurs d’une
monstrueuse beauté.
Site officiel de l'artiste et un portrait étoffé ici.
Mari Katayama "shadow puppet #01402" ,2016 |
Lieko Shiga, 螺旋海岸 / RASEN KAIGAN, 2012 |
Lieko Shiga, la vérité est ailleurs.
Surréalistes ou absurdes, les créations de Lieko
Shiga ne sont pas toujours immédiatement compréhensibles. L’artiste
née en 1980 fait des jeux de lumière
les éléments essentiels de ses compositions. Par ses effets
spéciaux garantis sans Photoshop, Shiga crée des monstres et nous
plonge dans des parenthèses hallucinatoires.
Les natures mortes de Yumiko Utsu
Ses parents étaient-ils plus ouverts que les
vôtres ? Le fait est qu'à 40 ans, la Tokyoïte Yumiko Utsu
continue de jouer avec la nourriture, et que ça lui réussit. Utsu
superpose objets et nourritures. Ses compositions
plastico-animales-végétales sont souvent anthropomorphiques,
toujours absurdes et colorées. Passées entre ses mains, la
protagoniste d'un portrait à l'huile se voit décapitée par un
poulpe, une tomate ornée d’yeux en plastique se ratatine dans un
stop motion dramatique. Devenu absurde, le commun révèle sa poésie.
Tomoko Sawada n’est pas celle que vous
croyez.
Tomoko Sawada crée des
personnages qu'elle incarne et met en scène dans des cabines photo,
entre photographie et performance artistique. Dans la note
d'intention d'id400 (projet étudiant rassemblant 400 identités
Photomaton), elle explique que sa recherche dérive d'un
complexe d'infériorité :« [...] Je pouvais me faire
ressembler à un mannequin ou à une actrice. En regardant encore et
encore mes photos, la distance entre ma véritable image et mon image
sur les photos s'est agrandie. Autrement dit, mon apparence pouvait
très facilement être modifiée, mais ma personnalité, elle, ne
changeait pas. Une photo d'identité est la preuve de l'identité ou
de l'existence de la personne photographiée. Ainsi, même si une
personne n'existe pas, si il ou elle apparaît sur une photo
d'identité, cette personne peut faire la preuve de son existence.»
Interrogeant les genres et les stéréotypes, Sawada continue de
décliner ses identités.
Tomoko Sawada id400, 1998-2001 |
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