dimanche 10 mars 2019

Témoignage // “J’ai quitté mon job d’attachée de presse pour vivre à Tokyo” sur Les Echos

TÉMOIGNAGE // Agathe Parmentier, 35 ans, a quitté son poste d’attachée de presse pour s’installer au Japon. Une expatriation partie d’un coup de cœur et sans projet défini. La jeune femme exerce désormais plusieurs métiers, dont auteure.

Capture d'écran Les Echos Start
“Je me suis installée à Tokyo en 2014 sans bien savoir pourquoi. Je n'étais pas fan de manga ni, pour tout dire, vraiment curieuse de la culture nipponne. J'aimais les sushis, mais les amateurs de pizza ressentent-ils le besoin d'aller vivre à Naples ?


J'avais découvert le Japon par hasard, un an plus tôt, fin 2012, traînée par mon conjoint de l'époque. La découverte du Japon a duré 10 jours, le temps des vacances. Mes attentes étaient minimes. Et je me suis retrouvée sinon séduite, du moins intriguée. Le coup de cœur couvait.

En 2014, je venais d’avoir 30 ans, je travaillais comme attachée de presse à Paris, j’ai ressenti l'envie (ou le besoin ?) de repartir. Nous revenions d’une année de césure à Melbourne, en Australie, où j’avais enseigné le français et travaillé dans une librairie. J’avais déjà publié un livre, “Contre-culture confiture”, un recueil de chroniques sur la génération Y et j'ai décidé de poursuivre dans l'écriture.

Ce choix n'était ni raisonnable ni rationnel : je n'étais pas rentière (je ne le suis pas devenue entre-temps). J'ai lâché un CDI pour devenir précaire dans un pays dont je ne parlais pas la langue. Pour autant, je partais du principe que, pour ma génération, l'insécurité de l'emploi devait avoir comme corollaire une certaine liberté. Puisque mon parcours professionnel n'était pas pavé, j'avais le droit de prendre quelques chemins de traverse.

Je suis donc repartie, seule cette fois, pour comprendre et écrire, pour démêler mes sentiments. Une seconde fois après l’Australie, j'ai mis ma carrière d'attachée de presse entre parenthèses et je me suis envolée vers le Japon. Mon projet était encore peu défini quand je me suis expatriée.


Ma principale crainte était que ma famille ne comprenne pas. Que mes proches s'inquiètent ou me jugent pour mon inconséquence. Finalement, tout le monde m'a encouragée. Ils savaient que je n'étais pas une tête brûlée et que mon projet, même si mal défini, me mènerait quelque part.

Une liberté précieuse

Est-ce que j'ai cherché un vrai emploi (un de ceux avec collègues et horaires fixes, j'entends) ? J'ai cherché, sans m'acharner. Le Pôle emploi japonais (Hello Work) s'est chargé de m’en dissuader. Imaginez, après avoir émigré, qu'un conseiller Pôle Emploi vous demande si vous êtes venue dans son pays parce que vous ne trouviez pas de travail dans le vôtre avant de conclure que, de toute façon, vu votre niveau dans sa langue, vous ne trouverez rien. Je savais en arrivant au Japon que ma vie se construirait à la marge, ce type n'a fait que me conforter dans mon idée. Ma liberté est précieuse. Ce mode de vie est un choix. À l'heure actuelle, j'écris un roman qui évoque la culture pop japonaise. Cette place à la marge me laisse l’espace suffisant, je crois, pour être une bonne observatrice de la société japonaise.
Aujourd'hui, j'ai trois casquettes : auteure (depuis mon départ, j'ai publié deux autres livres, un évoquant ma vie à Tokyo, intitulé “Pourquoi Tokyo ?” et un premier roman, intitulé “Calme comme une bombe”), professeure de français freelance et, à l'occasion, figurante dans les séries télévisées japonaises. Avec un master de droit et un master de sciences politiques en poche, je n’avais pourtant pas les diplômes attendus pour ces carrières.


En ayant fait le choix de la précarité (une précarité relative), ma vie est à mille lieues de celle de l'employée de bureau japonaise. Cela dit, je ne ferme pas la porte au monde de l'entreprise, si une opportunité en or se présente, je n'hésiterai pas à la saisir ! L'essentiel est que travailler en indépendante m'a permis de mieux cerner mes forces et de déterminer mes priorités”.


Le témoignage est à retrouver sur la page des Echos.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire