mardi 6 janvier 2015

L'enfer, c'est les soldes.

Revenue de France le 1er janvier, j'ai raté la traditionnelle première visite au temple (hatsumoude) mais pas le premier jour des soldes (le lendemain). 

Vendeuse du 109 (Shibuya)
Mais parce que j'ai beaucoup d'affaires et peu de revenus, les soldes, ça ne me touche pas vraiment. Et puis les friperies japonaises tiennent du paradis — Comprenez : il n'y flotte pas cette odeur de mort caractéristique des magasins français du même type. Donc les soldes, je n'avais pas de raison d'en parler.

C'était avant d'avoir expérimenté la chose à Shibuya, lorsque sur l'escalator me menant au troisième étage du PARCO PART3, l'un des nombreux centres commerciaux du quartier, j'ai entendu des cris de mouettes.

Vendeuse du 109 (Shibuya)
Les mouettes juchées sur des escabeaux, mégaphones de fortune à la main s'exercent à un concours de cris aigus supposés attirer la chalande. Je ne suis pas en mesure d'essayer de comprendre ce qu'elles disent. Mon cœur bat trop vite, je suis stressée. Apnée de rigueur. Après des recherches qui me paraissent sans fin, je finis par mettre la main sur les bouchons d'oreilles supposés me servir en cas de concert. Les battements de mon cœur se ralentissent, je peux enfin regarder ce qui se passe autour de moi.

109 (Shibuya)
Dans l'escalier reliant les deux étages, une file de jeunes femmes attend probablement depuis plusieurs heures de pénétrer dans un magasin. De mon œil inexpert, je ne vois pas ce qui distingue la boutique de celles qui l'entourent mais des scènes similaires se produisent au 109, l'antre des jeunes filles romantiques et autres kogaru, où je me rends le lendemain.

109 (Shibuya)
L'achat compulsif est poussé à son paroxysme avec le fukubukuro, ces pochettes surprises dans lesquelles est dispersé le stock des invendus. Le concept permet au client de faire de bonnes affaires, dans la mesure où ce dernier est prêt à acheter n'importe quoi. Ce qui est souvent le cas. Certains font la queue pendant plusieurs heures dans le froid, notamment devant les boutiques Apple comme cette personne citée sur le site de rocketnews24 qui a fait la queue 42h sous la neige et postait le message suivant sur Twitter :

Bonne Année ! J'ai accueilli la nouvelle année devant l'Apple Store de Sapporo. Ce 1er janvier à 5h05, la température est de -4,5ºC [23.9ºF], mais il y a déjà 11 personnes qui font la queue.

Ces sacs de la chance sont une institution nationale qui se décline jusque chez Starbucks et chez les magasins vendant des glaces. Il s'avère néanmoins souvent possible de jeter un œil à l'intérieur du sac (si le contenu n'est pas détaillé sur un petit présentoir). Internet se fait un devoir de révéler le contenu des derniers.

Alors oui, le Japonais a tendance à surconsommer. Il n'est pas le seul mais ici plus qu'ailleurs, il faut trouver des échappatoires à une vie souvent un peu trop bien cadrée. Work hard, play hard comme disent les gens que je ne suis pas. A Tokyo, on travaille dur et parce que jouer dur, ça pique, on achète, beaucoup. Et souvent n'importe quoi. Tant que le produit est convoité par les autres. C'est ainsi que certains quadragénaires achètent des jeux à collectionner destinés aux enfants, tels que ceux de la franchise Yōkai Watch au motif presque assumé que ces jouets, victimes de leur popularité, ont été plusieurs mois en rupture de stock. Créer des besoins à défaut de parvenir à en combler d'autres plus élémentaires... Vous ai-je montré mon porte-clefs chat-sushi ?

Police de la coquille, merci de me contacter en cas de besoin !

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