lundi 4 août 2014

Toilettes japonaises, je vous aime. Merci.

Et ma première exposition à Tokyo seulement cinq mois après mon arrivée — s'intitule : Toilettes ?! Les déchets humains et l'avenir de la Terre. Parce que comme l'énonce l'introduction de l'exposition présentée à ce moment au Miraikan à Odaiba1, « la défécation est une preuve de vie ». Et que la vie, c'est plutôt sympa (même s'il me semble qu'en mourant, il arrive aussi que... bref). Le musée national des sciences émergentes et de l'innovation japonais professe qu'il est temps de « parler librement et ouvertement des toilettes ». Soit.

Image de l'exposition du Miraikan


Si défécation et miction sont de bien jolis mots, je ne me souviens pas avoir été sensible à l'humour pipi-caca. Je me souviens par contre de ce petit message plein de bon sens placardé dans le bâtiment où étaient organisés les cours de sécurité routière quand j'avais une dizaine d'années. L'endroit était dédié jusque dans ses moindres recoins à l'initiation à la civilité :

« Quand tu fais pipi, si tu éclabousses, sois gentil, essuie. »

La pertinence d'un post évoquant les toilettes peut sembler discutable. D'autant que le sujet arrive assez tôt, et pas en pleine traversée du désert inspirationnel. Lors de mon premier passage à Tokyo, j'avais voulu visiter le showroom de TOTO, la marque à l'origine du Washlet2mais à la place, je m'étais perdue. Mon intérêt n'est donc pas nouveau mais le jour où je suis tombée sur un WC — public — dont la lunette était recouverte d’une moquette bleu layette, la nécessité d'évoquer le sujet s'est imposée à moi.



Gage de l’intérêt du sujet, Wikipédia consacre une longue page aux toilettes japonaises et Google me propose de parcourir quelques 32 000 entrées associées. Comment ce pays parvient-il à faire cohabiter des petits coins magnifiquement improbables, de très sommaires — ou, disons-le, complètement dégoûtantes — toilettes à-la-turque-à-la-japonaise, des lunettes ornées de moquette, et le Washlet, un WC suffisamment extraordinaire pour avoir un petit nom et dont la mission est, selon le site internet de son créateur, de révolutionner l'hygiène ?

Quand je parle des toilettes nippones que ce soit avec les autochtones ou avec des gaijins, personne ne semble indifférent : le japonais approuve, à peine surpris, mon intérêt et l'étranger se fend d'une anecdote souvent cocasse. Il m'est pour ma part arrivé d'envisager de passer une heure au petit coin à défaut de parvenir à déterminer si ce capteur de mouvement servait à activer la chasse d'eau ou à signaler que j'étais en train de faire un malaise.

Ici, on peut acheter à boire tous les 20 mètres et soulager gratuitement sa vessie tous les 50 (que ce soit dans les stations de métro, à chaque étage des depāto3 ou dans la plupart des konbini). Si l'on en croit la pyramide des besoins développée par le psychologue Abraham Maslow4, il n'y a pas grand-chose de plus cool que de pouvoir pisser n'importe où et n'importe quand. Et on s'habitue très vite à ce genre de luxes. Je passe donc mon temps à boire mais ce que j'ai gagné en confort, ma vessie l'a perdu en endurance. A Tokyo, l'incontinence me guette. 

"I couldn't use the toilet because it's too danger ... " (Image de l'exposition)

Mon intérêt m'amène à ressentir une véritable curiosité pour les toilettes de chaque endroit où je me rends. Vais-je trouver la feuille de papier toilette pliée en forme de flèche ? Y aura-t-il un détecteur de mouvement permettant de faire se lever le couvercle ou de déclencher la chasse d'eau automatiquement ? Un siège chauffant ? De la musique de princesse [sic] supposée couvrir mes bruits ? Un jeu de lumière polychrome ? Ami tokyoïte : dis-moi comment sont tes toilettes, je te dirai qui tu es.

Copyright Miraikan

L'exposition d'Odaiba m'a notamment appris que je ne dis pas assez merci à mes toilettes, que j'ai de la chance d'être encore en mesure de m'y rendre seule et de ne pas avoir à faire mes besoins dans un sac plastique. Je connais maintenant la forme de l'étron parfait et après avoir eu l'opportunité de recréer en pâte à modeler mon dernier caca, j'ai descendu un toboggan intégré à un WC géant. Enfin, j'ai écouté un concert de cuvettes de WC chantant en cœur une ode à.... à... à quoi d'ailleurs ? J'aurais parlé japonais, j'aurais pu vu vous le dire mais là, mon seul commentaire sera : Ouaiiiiiiiiis, c'était vraiment mignon !


Image de l'exposition du Miraikan



1Odaiba est une île artificielle située dans la baie de Tokyo.
2Selon le site de la marque : Le WASHLET est le produit phare de TOTO. Lancée en 1980, cette innovation a révolutionné le sanitaire dans tout le Japon. Le WASHLET a amélioré l'hygiène grâce à son système de lavage à eau chaude associé à de récents progrès dans la purification de l'air, les fonctions automatisées, etc.
3Depāto (デパート) ou depātomento sutoa (デパートメントストア), de l'anglais department store, est le terme japonais désignant les grands magasins.
4 Maslow a présenté au début des années 40 une pyramide des besoins des individus. Cette pyramide est composée de cinq étages allant de la satisfaction des besoins physiologiques (faim, soif, sexualité, respiration, sommeil, élimination) comme base de la pyramide à celle de l’accomplissement de soi. Voir plus sur Wikipédia.

 Police de la coquille, merci de me contacter en cas de besoin !

1 commentaire:

  1. "Depàtomento sutoa" ça sonne comme du Basque "Herriko etxea" "Turismo Bulegoa" mais ça n'a rien à voir....Brève de comptoir!

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